[Récit] Comment j’ai géré mon 3ème Salon du Running
Et oui, cela fait la 3ème fois que je viens à ce qui, au départ, est le villlage de course du Marathon de Paris. De Running Expo, nous sommes désormais passés à un Salon du Running qui est devenu plus qu’une annexe du retrait des dossards. D’ailleurs, je viens à ce salon mais n’ai toujours pas participé au Marathon du même week-end. Bon, j’ai mon dossard pour 2016.
Nous voilà, par un des premiers jeudis ensoleillés de ce début de printemps, sur la ligne de départ du Salon du Running. Un gros rassemblement des gens qui souffrent de la même maladie mentale que nous et, probablement, que vous aussi, sinon je ne vois pas ce que vous faites à lire ce blog. Le départ est donné Porte de Versailles. L’arrivée aussi vu que c’est une boucle. A noter qu’Ikea a fait des émules dans les villages de course. Comme à Rome, il est impossible de ressortir par l’entrée en remontant le courant. Il faut suivre le mouvement et passer dans tous les espaces d’exposants.
Ca ne me dérange pas plus que ça, je ne suis pas là pour faire un chrono mais au contraire pour y passer plusieurs heures. Et même revenir le lendemain.
Anne-Claire m’accompagne. Nos objectifs sont clairs. Tester l’endurance de nos cartes bleues et la résistance du porteur à l’utiliser sur la longueur.
Les Chaussures (2000m D+ sur l’échelle de la température de CB)
Première épreuve pour Anne-Claire, le stand New Balance. Celui dont elle ne ressort jamais indemne, niveau cardio-bancaire. Celui où, l’année dernière, elle avait découvert les fabuleuses Fresh Foam, qu’elle ne quitte plus, et dont elle a même en d’autres déclinaisons depuis : trail ou version Zant édition NYC, ramenée par notre pote Olivier.
Autant elle a adoré, au premier essai, la première version des Fresh Foam et le modèle trail, autant elle est perplexe sur la Zant. Elle sera donc plutôt porté vers la V2 du modèle de base, la Boracay. Mais c’est plus fort qu’elle, la dominante de rose la dissuade. Elle ressort sans nouvelle paire du stand à deux étages.
Elle snobe tous les autres marques de chaussures, Mizuno, Brooks, Saucony, Puma, Salomon … sans parler du sponsor principal du Marathon Asics, une marque qui ne nous a jamais intéressés. Elle flâne vaguement chez Kalenji mais elle a déjà les modèles qu’elle voulait dans sa marque fétiche. L’épreuve du couloir «chaussures » est passée plutôt sereinement.
Pour ma part, je pense revenir le lendemain pour essayer des modèles trail que je n’ai jamais l’occasion, ou l’idée, d’essayer. D’ailleurs, je rentre un peu perplexe de cette démarche.
Premier arrêt : Mizuno. Un seul modèle trail présent. Bizarre alors que la veille, la team trail était sur le stand avec notre chère coach-guest Aurelia Truel ou encore Nathalie Mauclair. Bon soit, ils ne sont pas venus avec la gamme trail au complet. Je tente un embryon de discussion avec quelqu’un du stand. Je demande naïvement s’ils ont un modèle à drop faible. Et je me vois répondre assez sèchement que ce n’est pas dans l’esprit de la marque. Bon … OK. Au revoir Mizuno.
Je passe chez Brooks. Là aussi, le stand, bien fourni en nouveaux modèles, ne présente aucun modèle de la gamme Pure, drop faible pour course naturelle. On voit que la « mode » est passée. J’aurais bien essayé la Pure Grit. Comme le gars qui me reçoit est plus sympa, je décide de redonner leur chance aux Cascadia que j’avais déjà essayé en version 8 et qui sortent là en V10. Ce best-seller mérite surement sa notoriété mais, rien à faire, je n’aime pas. Et c’est probablement du au drop de 10mm quand je ne dépasse jamais 4mm sur toutes mes chaussures. J’ai l’impression que mon talon tape trop. Tant pis je resterai chez Saucony (aucun modèle trail sur le salon) et Hoka One One.
Au stand de ces derniers nous croisons Olivier (de l’excellent blog moutainridge.fr) qui essaie une des seules paires de Hoka qu’il n’a pas encore, la Challenger TR. Mais il n’a pas l’air plus convaincu que ça. Ne deviendrait-on pas tous raisonnables ?
Le matos (3000m D+ sur l’échelle de la température de CB)
Anne-Claire et moi continuons notre tour des stands de la deuxième partie. Olivier, qui nous accompagnait, nous lâche à un moment assez indéterminé. Non sans nous avoir dit qu’au final ce salon était bien mieux que le « village » du Marathon de New York qui n’était rempli que de distributeurs, quand nous avons directement les équipementiers à Paris. C’est vrai qu’à Rome aussi, il y avait surtout des distributeurs.
Nous atteignons la deuxième épreuve. Le stand Raidlight. Je cherche à obtenir leurs tout nouveaux bidons souples, fabriqués par Hydrapak, comme les Salomon que j’apprécie beaucoup, mais ne sont pas adapté à mon sac Olmo. Et je compte, si possible, jeter un oeil aux nouveautés de la gamme « made in France » Lazer.
Ils ont le nouveau sac gilet Responsiv Lazerdry sur un mannequin. Je compte l’essayer. Anne-Claire me déborde sur la gauche pour s’emparer d’un modèle femme sur le présentoir. On lui explique toutes les caractéristiques et le réglage fin de ce sac. Elle craque. Je n’ai même pas le temps de me réjouir d’avoir enfin trouvé mes soft flasks qu’elle a déjà annoncé qu’elle l’achetait. C’est une pré-série. Il n’y en a que 5 pour ce salon et le site Raidlight n’annonce sa sortie que pour fin avril. J’arrive enfin à essayer le modèle homme sur le mannequin. J’ai peur, comme toujours chez Raidlight, pour la taille, c’est du L. Ma taille en t-shirt est plutôt M. Mais j’ai une softshell en L de chez eux. Le sac me va parfaitement. L’ajustement avec les boucles micrométriques est assez génial. Fini les tirages énervés sur des bandes élastiques qui se détendent en cours de course. Je tente de rejoindre ma chèrie dans le côté osbcur et moi aussi avoir mon modèle en pré-série. « Non désolé, nous n’avons qu’un modèle homme, il est juste là pour la démo ». Arghhhhh !!! Je repars dépité en suivant ma femme qui parade devant en disant des trucs sympas comme « t’as le seum ? ». Elle m’a quand même offert les bidons souples.
Le reste du tour de cette deuxième partie sera moins intense. On est en mode ballade. On croise pas mal de copains d’Urban Running. La plupart avec le sac vert de Schneider contenant le précieux dossard. On remarque quelques stands. Les tenues très « super héros » de la marque italienne Erréa sur le stand desquels nous retrouvons David, qui aime bien les tenus de super-héros, vu qu’on le voit souvent avec un t-shirt Superman d’Under Armor. On passe aussi devant le stand Anita, qui a eu l’extrême bon gout de mettre 2 gogo-danseuses qui se trémoussent d’un air très « distingué ». Je crois qu’il y a un responsable de comm qui s’est trompé de public. Les fans de la marque ne se gêneront pas de le faire remarquer sur les réseaux sociaux.
Le ravitaillement
Bref, arrêts sur différents stands où nous croisons des amis. La barrière horaire de fermeture se rapproche vite. Nous n’avons pas encore atteint un des objectifs, passer au stand de l’Ultra Trail d’Angkor. Nous traversons les stands des marques de nutrition sportive, comme autant de ravitos où je m’arrête consciencieusement pour gouter toutes sortes de gâteaux, gels et autres potions toutes plus génialement bio-performantes-gouteuses-ecolos les unes que les autres. J’apprécie toujours autant les gâteaux de la marque Cliff. C’est la pause gouter. Je m’attarde chez Meltonic. En grand consommateur quotidien de miel d’acacia bio, je suis forcément sensible à leurs arguments. J’y croise d’ailleurs Lucile. C’est son mari Yann qui m’avait fait découvrir cette marque. J’y repasse plus tard faire le plein : barre aux figues et gel version « antioxydant » à la spiruline, d’un bleu vert étonnant pour un produit vendu pour être naturel. Je prends également leur eco-fiole pour enfin ne plus avoir à gérer des tubes ou sachets de gel à jeter en course.
J’ai testé tout ça lors de ma dernière sortie longue et je valide cette marque. Je vais l’utiliser à la place des gel Gü sur le trail des Citadelles du week-end suivant. Je prends également une bouteille d’eau de coco pour me la raconter « non moi je ne prends plus que du naturel pour faire du spooooort ».
La zone des courses (3000m D+ sur l’échelle du Bourricotisme, basée sur le revenu annuel de mon kiné)
Nous passons, hyper concentrés, dans une des zones les plus techniques du parcours pour des bourricots : celle des présentations d’autres courses. En général, on en ressort avec l’envie de nous inscrire à tout plein de projets farfelus et absolument incompatibles avec un agenda déjà chargé. Sans parler de cette tendance bien française à associer les produits du terroir, si possible viticole, à une course. Avec la dégustation qui va bien pour améliorer l’effet de persuasion. Je craque devant le stand du Cantal et goute leur fromage en acceptant les tracts d’au moins 3 courses. Mais je garde le cap sur l’objectif.
A un moment je perds Anne-Claire. Je n’ai pas du voir la rubalise. Je l’appelle et la retrouve accompagnée de l’ami Franck Lolo, un des premiers lecteurs assidus de ce blog, que j’avais déjà rencontré pour la première fois au même salon, l’année dernière. On discute un peu. C’est lui qui nous a donné notre idée de vacance d’été : les Açores. Vu ses photos, on le croit quand il nous dit qu’il nous envie un peu.
Nous atteignons enfin le stand assez caché de SDPO, organisateur de l’Ultra Trail d’Angkor qui est devenu notre projet un peu fou de début 2016, avec toute une bande de débutants sur le 64 ou le 128km. Jean-Claude, le maitre du lieu, se prête au jeu de l’interview. Il suffit de le lancer. Il sait quoi dire. J’ai presque du mal à placer une question. J’inaugurerai une série sur notre préparation à ce trail de 128 km à l’autre bout du monde avec la vidéo. Bientôt.
Nous finissons par sortir à 15 mn de la fermeture avec le sentiment d’avoir passé beaucoup de temps à croiser et discuter avec des amis. Mais c’est le rendez-vous de tous les runners d’Ile de France, voire plus. Normal que l’on y croise des figures connues.
2ème jour
Je me prête seul au jeu d’une deuxième étape le lendemain, je revois ma gestion du parcours. La première partie, les chaussures, déjà évoquée plus haut, n’est pas une franche réussite. Cela veut simplement dire que je n’ai pas besoin de changer ce qui me va déjà.
J’essaie de retrouver des gens qu’on me dit avoir vu dans certains stands comme runners.fr ou Run Chic. Mes compagnons romains Sabria et Marc sont déjà repartis au boulot. Râté.
Petit arrêt au cirque (rien à voir avec une configuration de montagne)
Je déjeune à la Pasta Party avec le toujours sympathique et fédérateur JP Run Run de Run Reporter Run et quelques amis à lui. Ne courant pas le marathon dimanche, je prends l’option sauce 4 fromages. Il y a vraiment des gens qui s’envoient ça une veille de marathon ? Nicolas Gardon de Jogging International me dit qu’il va à la conférence de presse de la FFA, que ça va chauffer. J’y passe un peu plus tard. Bon j’ai du louper le moment où ça chauffe. Il n’y a plus qu’à attendre la vidéo de JP s’il en fait une.
J’ai compris que les vieux gras du bide de la FFA (ils ont couru un jour ces gens ?) sont de grands communicants qui décident de répondre à la polémique, créée par leur président, en s’enfonçant encore plus dans le ridicule et la méconnaissance de ce qu’est le running en France en ce moment. Mais sur un sujet vraiment « fédéral » comme la sélection de l’équipe de France pour les championnats du monde de trail, qui se déroulent à Annecy cette année, la polémique est également au rendez-vous. D’une part, d’un éventuel départ séparé entre sélection et autres coureurs. De l’autre de la non sélection de certains traileurs confirmés. J’apprends d’ailleurs que la position très tranchée de François d’Haene – champion du monde du circuit Ultra-Trail Word Tour 2014 – n’aurait pas lieu d’être d’après le coach de l’équipe de France. Il n’a pas couru les bonnes courses pour être sélectionné de toute façon. Ah oui, c’est une excellente raison ça, dites moi !!! J’ai presque envie d’immoler ma licence tellement j’ai l’impression de cautionner un cirque. Mais Aurelia et Nathalie, aujourd’hui vêtues toutes deux chez Asics, sponsor officiel de l’edf, sont des athlètes que j’admire. et elles me font un peu pitié d’être obligées de représenter la position de la fédération, parce qu’elles sont fières, et elles ont raison, d’être sélectionnées pour représenter leur pays. Je m’en vais. Je ne fais pas partie de ce monde là, moi. Je ne suis qu’un petit coureur très moyen. La fédé c’est de la politique et de la bureaucratie. La course à pied c’est un des moyens de ne plus penser à tout ça pour une grande majorité des gens que ces apparatchiks ne comprennent pas. Et ce coach de l’équipe de France me rappelle mon prof de gym d’école primaire. Celui qui m’a fait tant aimer le cross que j’ai attendu 40 ans pour recourir.
Fin de parcours et retour au calme
Je flâne. Comme en sortie longue, rando-course. Je me fais expliquer en détail les différentes utilisations d’un Compex. J’en conclus que mon petit Sanitas à 30 euros peut faire aussi bien le peu dont j’ai besoin : récup, massage relaxant et capillarisation pré-course. Mais le truc me titille pour aller plus loin que la simple récup‘. Le prix par contre me calme tout de suite. On verra plus tard.
Je complète le peu d’achat sur le salon par une ceinture élastique Flipbelt, vantée par tous ceux qui en possèdent une. Sur le même stand est vendu le fameux bidon « Simple Hydration » qui s’accroche facilement au calbut sans ceinture (si si). J’ai ce bidon depuis quelque temps et j’en profite pour demander s’ils ont l’intention un jour de faire un bouchon un peu moins dur à ouvrir et qui ne me reste pas dans les mains en pleine course. OK, là on dirait que je suis énervé mais en fait je reste très courtois. Et du coup, la personne qui s’occupe du bidon m’offre un bouchon V2 plus fiable. Il est d’un bleu un peu plus foncé que le premier. Et c’est le jour et la nuit pour l’ouvrir. Dis donc, il y en a qui ont le sens du commerce. Je le remercie comme il se doit.
Il est encore tôt je refais tout le tour. Je vois la file des gens, devant le stand Brooks, venus faire signer un autographe au grand Scott Jurek. Arf, un héros du fabuleux « Born to Run » en vrai (ce livre donnerait envie de faire du trail à un cul de jatte). J’ai presque envie d’acheter son bouquin et faire la midinette. Mais je me rappelle que c’est un livre sur son expérience vegan. Très peu pour moi, ce genre d’intégrisme alimentaire.
(Edit : après avoir lu l’article de Cécile Bertin sur le livre, je me dis que j’ai peut-être tort de ne pas lire ce bouquin même si je viens du pays du foie gras)
Je repasse la ligne d’arrivée, enfin la porte de sortie, sans gloire. J’ai battu mon RP de résistance au consumérisme en environnement hostile à ma CB. Il faut dire que l’année dernière j’avais mal géré le début de course en me jetant sur le stand Garmin pour avoir la Fenix 2 qui sortait à peine. Arf, quand j’y repense. Anne-Claire et son sac à 129 euros est loin derrière. Pour une fois.
Au final, je retiens surtout que, toute l’année, je dépense beaucoup d’argent en matériel pour cette passion du running et surtout pour le trail mais que la période geeky-consumériste est en train de passer. J’ai fait tous les stands de montre par exemple, sans avoir l’intention de me passer de ma Suunto Ambit 3. Juste par curiosité. Idem pour les chaussures. Bon ok, j’ai acheté les Saucony Zealot ISO il y a peu. Je n’ai pas besoin d’une nouvelle paire. Et là j’ai surtout envie de courir.
pas mal géré…
bravo pour avoir résisté chez raidlight et ne pas avoir pris un sac chacun 😉
Ben là on a pas fait exprès, le modèle homme n’était pas dispo 🙂
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Génial comme post ! Sur le style et le fond jeme suis régalé !
Je m’interroge beaucoup sur mon consumérisme en trail. Te lire m’a rassuré, je suis surtout curieux et je crois que ça n’aide pas en la matière.
C’est chouette de connaître plein de gens et de les retrouver, profites en ! La FFA me fait vomir et tes mots m’on été droit au coeur. Mais ces clubs c’est bien la base de la socialisation des coureurs…
Un loup solitaire qui est arrivé là en mettant « trail consumérisme » ds Google…