[Récit] Anne-Claire fait son 2ème marathon à Rome
Voyage en Italie
Je ne vous ferais pas l’affront d’entonner un Lilicub, mais le cœur y est, sachez-le.
Le week-end tant attendu est donc finalement arrivé. Bien plus vite que l’année dernière, et sans heurt cette fois. Je suis de bonne humeur, pas de rhume en perspective, et les jambes sont en forme. C’est l’heure de mon second Marathon !
Je débarque à Rome, prête à en découdre, vendredi soir tard, seule, affamée, fatiguée, blasée par un Easyjet en retard, et pas très sûre de réussir à trouver le bus sensé m’emmener au cœur de la ville. Heureusement, je suis plus dégourdie que j’en ai l’air (« j’en vois un qui rigole ! Gaby, tu devrais pas m’laisser la nuit…»), et surtout, je dispose de 20 SMS de recommandations dans mon téléphone. Merci JG et Sabria. Bref, aucune raison de se planter. Passée cette angoisse, Rome est à moi pour le restant du séjour. Je suis en week-end, je ne pense à rien, et aborde le marathon qui vient comme un détail, voire une curiosité. Je suis excitée comme une puce.
Un peu frustrée aussi car il faut faire attention à ce que l’on mange et ce que l’on boit pendant encore 24 heures alors que les seules choses auxquelles je pense, depuis mon arrivée, sont la pizza et les pâtes avec plein de truc dedans que je vais m’envoyer dès que ce sera terminé. J’adore manger. Je sais, c’est un problème. Heureusement, je suis bien entourée, et nous flânons tranquillement, Sabria, Marc, mon chéri et moi, autour du gigantesque et mythique Colisée, non loin de notre appartement. Comme Florence, la belle Rome est renversante. On ne se connaît pas bien encore. Les attentions sont réservées. Mais je suis déjà, je le sens, en train de tomber amoureuse.
Cette année la course est sponsorisée par New Balance, qui « pourrie-gâte » ses coureurs en leur offrant un vrai sac à dos (joli, en plus), un t-shirt technique hyper chouette et des petites choses toujours appréciables. Genre un roll musculaire relaxant pour après, quand t’es morte. La récupération des dossards est un peu longue mais dans l’ensemble, tout est très bien organisé. Pas de surprise.
Samedi soir, coach Karim qui, par miracle, est de la partie (et ça c’est vachement apaisant !) prodigue ses derniers précieux conseils à ses petits bourricots autour d’un chocolat chaud. Il nous conseille de jauger notre état de fatigue à partir du 25e, et de ralentir à ce moment si le corps est déjà trop fatigué. Plus tard JG me réexplique que si je tiens un premier semi à telle allure, et le second un peu au dessus, ça peut le faire. Ce calcul scientifique me dépasse complètement. Personnellement, j’ai pour seul objectif d’améliorer mon temps de l’année dernière, même si ça ne doit être que de quelques minutes. J’appréhende le mur et me souviens des douleurs sur Paris. J’y pense et puis j’oublie. Je suis absolument détendue. J’envisage déjà ma pizza et mon verre de Brunello di Montalcino post marathon. C’est vous dire si je suis concentrée.
Chronique d’un RP annoncé
Et puis c’est déjà dimanche, 7h du mat. Je kronk tout mon saoul. En plus c’est le drame : il s’est mis à pleuvoir pendant la nuit ! J’étais jusqu’ici dans le déni de pluie, il faut le dire. Je dois maintenant me rendre à l’évidence : je n’échapperai pas au marathon pluvieux. Tant pis, j’y suis, j’y vais.
Petit échauffement sur les recommandations de Karim le bienveillant. Puis nous rejoignons le Colisée, nous nous introduisons dans le sas, et très vite la montre est lancée. Des départs comme ceux-là j’en veux tous les jours. Même pas eu le temps d’avoir froid ! Je pars tranquillou à 10,5 km/h et maintiens cette allure pendant quelques bornes. Impossible d’envisager quoi que ce soit d’autre de toute façon, tant le peloton est compact. Quelque part au fond de moi, je sais aussi que c’est grâce à lui que j’arrive à réguler ma vitesse sans en faire trop.
Progressivement, je passe à 10,6, puis 10,7. Je flâne sous la flotte, un peu refroidie mais de bon poil. Je slalome au milieu des italiens. Ca tchatche dans tous les sens, les gens sont contents malgré la pluie. Sabria, Marc et JG sont devant, mais pas question d’accélérer pour les rejoindre. Je décide de rester sur mon allure. Au 17e, je suis toujours bien. Je décide d’enclencher ma musique. Pas parce que j’en ai besoin cette fois, mais juste par plaisir, pour faire danser mes petites endorphines heureuses. La session commence par un Yann Tiersen très doux, un de mes préférés. Et puis c’est la place Saint-Pierre sous mes pieds. J’ai les larmes aux yeux en la traversant. Ces premiers kilomètres en musique me retourne littéralement les sens, je suis en pleine exaltation. 10,8 km/h. Je passe le semi sans difficultés majeures. Je regarde ma montre et constate que le chrono est en dessous des 2h. Il est temps. Je passe à 11 km/h et n’en bougerai plus jusqu’à l’arrivée.
25e. Je pense au conseil de Karim et mes endorphines, complètement stones, les petites chéries, passent en revue l’état général de mon corps. Conclusion : je suis encore largement en état, comparé à l’année dernière ! Une crampe se fait néanmoins sentir sous le pied, et dans l’une de mes cuisses. Je jongle avec sur plusieurs kilomètres, et adapte la foulée en fonction des tensions. Pas question de ralentir. Je passe le 30e sous la barre des 3h, encore fraiche. Jusqu’ici j’ai bien géré mon alimentation : des Gü chomps par-ci, des bananes par-là, et de la flotte pleine de poudre magique (Non pas celle-là, l’autre !). J’y vais, je le sais. Je vais sous les quatre heures. Je suis complètement sereine. Je dois avoir quelques minutes de doute entre le 32 et le 35e. J’y pense et puis j’oublie. Je pense à Thierry en passant le 35e. Thierry qui avait assisté à la décomposition de mes jambes l’an passée sur ce même kilomètre. Pas de décomposition cette année, mais une excitation de malade. Je suis ultra concentrée, je ne regarde même plus ce qui m’entoure.
37e, aller ma vieille, plus que 5 bornes ! Rien à faire des pavés ! Et puis c’est quoi cette soit disant côte de derrière les fagots ? J’en ai grimpé des pires que ça. En Islande. Et puis sur la Saintélyon. Pas de doute, mes premiers ultras constituent une expérience précieuse qui est en train d’opérer là tout de suite sur mon corps et dans ma tête. Celle que je n’avais pas sur Paris l’an dernier.
40e, wouhou !! Je suis sous les quatre heures, mais il reste 2 bornes et quelques, on ne s’enflamme pas. Une petite descente histoire d’achever mes cannes juste avant le 41e…et toujours cette pointe d’adrénaline dans le bide en sentant l’arrivée…arriver.
Finisheuse again !!!
Je vois le Colisée. Je voudrais accélérer et finir au sprint mais je n’y arrive pas. J’ai quand même bien mal. Je passe l’arrivée tranquillou. Mes jambes hurlent, presque instantanément. Ma montre indique 3’54. Je n’en reviens pas, me traine jusqu’à une bénévole qui me passe la médaille autour du cou. Qui devient tout de suite ma médaille préférée (en plus, elle est vraiment canon).
Je songe maintenant à mourir sur place mais me traine bien en peine vers l’appartement tel une zombie, sans même penser à récupérer le sac plein de provisions qui m’est normalement destiné. Je me demande si les autres sont arrivés et j’espère qu’ils vont bien et ne souffrent pas trop. Et puis après 20 minutes de marche, j’aperçois JG. Trop contente ! Je voudrais courir mais ça coince par en bas, alors je hurle pour qu’il m’entende. Nous rentrons tous les deux, claudiquant à travers le parc, sourire débile aux lèvres.
Plus tard, Marc et Sabria nous rejoignent. Puis c’est la douche, et le moment tant attendu : LE RESTAU DE LA MORT QUI TUE. Avec (presque tous) les copains. Pizza, bière, vin rouge, dessert plein de fruits et crème. Bonheur (je passe volontairement la descente en mode Robocop jusqu’au restau). Je suis comme à la maison (l’Entre-potes) après un entrainement. Complètement détendue, et déjà en train d’envisager mon prochain marathon.
Alors, Berlin ou Chicago ?
Je crois que je suis définitivement passée du côté obscur de la force ce week-end.
Enfin, en attendant de pouvoir refaire des folies de mon corps, j’ai hâte de sabrer le champagne et d’entamer la saison nouvelle de trail.
See you Roma.
(Le récit de JG c’est par là)
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Vous êtes chiants avec JG…Je vais devoir me remettre au marathon!
Top, ça donnerait presqu’envie dis donc ! des baci
Dis donc l’envie, tu as plutôt intérêt à l’avoir en ce moment non ?
Bravissimo!
Moi j’aime bien l’argument du Marathon pour passer un weekend à Rome. Ou comme celui d’un Ultra-Trail pour passer une semaine au Cambodge 🙂
Ce n’est pas du tout un calcul 🙂
encore bravo ma Choupi. Tu as vraiment assuré. Même pas de mur en plus…très chouette ton CR. A très vite j’espère.
La vue sur les monuments romains doit aider à faire passer les kilomètres plus vite, j’adore cette ville!!!
Bravo pour cette perf en tous cas, tout en contrôle! 🙂
Pour le prochain, il faut un gros porte monnaie si c’est Chicago et s’inscrire à la loterie ! Deux raison qui m’ont fait aller voir du côté de Washington… Mais il est super réputé ici Chicago alors… Why not! 😀
Ah bon y’a une loterie aussi à Chicago ?
De toute façon c’est pas avant l’automne 2016 maintenant vu que l’hiver prochain, y’a l’ultra trail d’Angkor, 128 km, pour nous. Pas le temps de préparer un marathon d’ici là.
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